Vous avez sans aucun doute entendu parler de ce policier blanc Michael Slager, arrêté et inculpé la semaine dernière, pour le meurtre d’un homme noir Walter Scott, suite à un banal contrôle routier (l’un des feux de son véhicule ne fonctionnait plus). L’incident qui s’est produit sur un terrain vague à North Charleston, une ville du sud-est des États-Unis, a été filmé par un passant. La vidéo diffusée par plusieurs médias partout dans le monde, montre la victime qui s’enfuit après avoir été touché par le tyser (pistolet paralysant) du policier qui dégaine son arme et lui tire plusieurs balles dans le dos. L’officier se dirige alors vers l’homme, allongé par terre, lui enjoignant de mettre les mains dans le dos avant de lui passer les menottes et de récupérer le tyser tombé pendant l’altercation. Il a ensuite affirmé via sa radio, que la victime avait pris son tyser, l’obligeant ainsi à faire feu pour se défendre. Or, il s’est avéré que ce n’était pas le cas, puisqu’on le voit clairement dans la vidéo, jetter l’objet à terre près du corps de la victime, Walter Scott.
Michael Slager qui a depuis été renvoyé de la police et risque la peine de mort ou 30 ans d’emprisonnement, fait de nouveau parler de lui aujourd’hui. La raison : une campagne de crowdfunding lancée sur la plate-forme de financement collaboratif Indiegogo et destinée à collecter des fonds pour sa défense durant son procès. Indiegogo s’est justifé en affirmant : « nous ne jugeons pas le contenu des campagnes tant qu’ils sont en conformité avec les Conditions d’utilisation ». Mais, après plusieurs demandes de retrait envoyées par les internautes dont certains l’accusaient de racisme, Indiegogo a cédé et a fini par retirer la campagne. Celle-ci a d’abord été publiée sur GoFundMe qui a expliqué l’avoir retiré par la suite car elle violait les « Termes et Conditions » du site qui « interdit les campagnes pour la défense des accusations formelles de crimes odieux, haineux ou des actes sexuels violents ».
GoFundMe n’en est pas à son premier essai. C’est un habitué des campagnes controversées. Ainsi, le policier de Ferguson Darren Wilson, accusé d’avoir tiré sur Michael Brown, a recueilli près de 235 000 dollars en 5 jours (Wilson n’a pas été inculpé dans cette affaire, ce qui a provoqué des émeutes dans la ville…). De même, dans l’Indianapolis, les propriétaires d’une pizzeria qui avaient affirmé qu’ils ne serviraient jamais à un mariage homosexuel, ont amassé plus de 840 000 dollars en deux jours pour soulager la perte financière subie suite au boycott de leur restaurant. Enfin, en septembre dernier, une jeune Américaine de 23 ans « fauchée » et enceinte, a réussi à recolter 1500 dollars sur les 2500 réclamés pour financer son avortement avant que GoFundMe ne supprime sa campagne pour des raisons « éthiques ». C’est surtout parce qu’il a fait l’objet de nombreuses plaintes comme c’est le cas ici avec la campagne en faveur de Michal Slager.
Ces affaires soulèvent beaucoup de questions quant aux limites de ces plates-formes de financement collaboratif. À commencer par : tous les projets sont-ils réellement finançables? Le crowdfunding peut-il vraiment assurer la promotion de projets en tout genre ou faut-il instaurer de garde-fous pour réglementer un peu tout cela? Pour ma part, je pense que les propriétaires de ces plates-formes ainsi que les « contributeurs » ont une responsabilité qui engage leur conscience et leur éthique. Et vous, qu’en pensez-vous?