Facebook et Apple vont soutenir les femmes désireuses de mettre sur pause leur horloge biologique pour se concentrer sur leur carrière en finançant la congélation et le stockage des ovules. C’est du moins ce qu’a révélé ce mardi 14 octobre NBC News. Les deux géants de l’Internet qui cherchent à attirer des talents féminins dans l’univers très masculin de la high-tech, vont effectivement inclure dans leur couverture médicale la prise en charge partielle de cette procédure très coûteuse (environ 8000$ le prélèvement d’ovocytes et 500$ minimum pour les frais de conservation annuels). Ainsi, Facebook aurait déjà inclus cette option à la couverture santé de ses employées tandis qu’Apple va l’instaurer en janvier prochain.
Si certains cabinets d’avocats américains proposent déjà de manière ponctuelle cette technique qui consiste pour une femme à se faire prélever des ovules et à les congeler pour avoir des enfants plus tard sans se préoccuper de son âge, les deux groupes seraient les premières grandes entreprises à officiellement le faire pour des raisons non médicales. Inutile de préciser que cette nouvelle a immédiatement crée une polémique au delà même des frontières américaines.
Alors que beaucoup estiment que « ce n’est pas aux employeurs de s’emparer de ces sujets », d’autres au contraire, à l’image des féministes, y voient un moyen d’évoluer aussi libérateur que la généralisation de la contraception. Pour ces dernières, cette nouvelle méthode de conception offre aux femmes la possibilité de ne plus choisir entre la carrière et la maternité. Mais en décidant de repousser l’une pour privilégier l’autre, n’ont-elles pas déjà fait leur choix? En outre, cette décision n’envoie-t-elle pas aux femmes un message très négatif selon lequel il leur est impossible de concilier maternité et évolution professionnelle? Ce qui équivaut également à dire aux futures mamans qu’elles ne sont pas les bienvenues dans ce secteur déjà très dominé par les hommes (selon le Centre national pour les femmes et la technologie de l’information, celles-ci ne représentent que 26% des effectifs des entreprises de haute technologie – chiffres cités par The Washington Post) et faire donc de la technologie un domaine encore plus hostile pour les femmes qui choisissent les deux
Lorsqu’on sait par ailleurs que les entreprises de la Silicon Valley imposent de longues journées de travail et une disponibilité incessante, (The Washington Post cite » les employés de Yahoo ! [qui] portent parfois des tee-shirts “Quatre-vingt-dix heures par semaine et j’aime ça” « ) on comprend dès lors pourquoi les deux entreprises souhaitent encourager les femmes à différer leur grossesse en donnant la priorité à leur carrière. Car il semble évident que Facebook et Apple cherchent plus à accroître la productivité de leurs salariées femmes pour leur seul bénéfice qu’à leur faire une faveur, même si la réalité peut-paraître moins caricaturale.
En effet, comme le souligne un article du Los Angeles Times, certaines entreprises ont fait des efforts depuis des années en termes de flexibilité afin de permettre aux salariés de faire garder leurs enfants sur leur lieu de travail ou de travailler de chez eux pour rester auprès de leurs enfants. Ainsi, Apple a fait savoir qu’il propose depuis peu dans sa couverture médicale, un congé maternité plus long et une aide financière couvrant l’adoption et la recherche d’un donneur de sperme. De son côté, Facebook a aussi rappelé qu’il paye quatre mois de congé maternité pour les deux parents et qu’il accorde une prime de naissance de 4000 dollars. La congélation d’ovocytes est donc selon eux, une option de plus offerte à leurs salariés.
Quoi qu’il en soit, face à la banalisation de cette procédure dont les chances de réussite sont les mêmes que pour n’importe quelle fécondation in vitro, les médecins ont commencé à tirer la sonnette d’alarme en rappelant qu’elle ne garantit pas à 100% une grossesse.
Photo : © photomontage de France 24