Ce dimanche 26 mai, un millier d’Haïtiens étaient descendu dans les rues de Port-au-Prince pour dénoncer le phénomène de viol collectif qui se développe dans le pays. « Le jour consacré à la fête des Mères, le pays doit se mettre debout« , a tweeté Pascale Solage, militante féministe.
Quelques jours avant, le 17 mai dernier, deux étudiantes se sont fait sauvagement agressé alors qu’elles revenaient de l’université. Port-au-Prince et le pays en générale, fait face à une vague de violences sexuelles qui vise principalement les étudiantes de différentes universités.
« Le viol devient une forme de répression sur les femmes dans les quartiers populaires ou dans les universités, partout dans le pays », a déploré Mme Solages auprès de l’Agence France Presse (AFP).
Selon la dernière étude du ministère de la santé datant de juillet 2017, une Haïtienne sur huit déclare avoir subi des violences sexuelles à un moment de sa vie. Il semblerait que ce chiffre soit plus élevé car il n’existe pas de statistiques officielles sur l’ampleur des crimes sexuels. Mais surtout comme l’a souligné Pascale Solages à l’AFP pour expliquer #PaFèSilans (ne pas faire silence, en créole), l’un des mots-clés lancés à l’occasion de la marche :
« Les victimes gardent le silence, elles s’enferment dans un sentiment de honte et de peur. Mais au-delà, il faut que tout le monde sorte de ce silence, que les gens qui sont témoins dans les communautés, les familles, quel que soit l’endroit où un viol est commis, ne doivent pas garder le silence ».
Jacky Lumarque le recteur de l’université Quisqueya, où étudie l’une des victimes et qui a marché aux cotés de ses étudiants, a également témoigné auprès de l’AFP : « La violence tend à s’installer comme un phénomène naturel et la société commence à cultiver une culture de tolérance vis-à-vis des agressions contre les femmes : il faut dire non ».
Face à ce climat d’insécurité, certaines universités comme celle de M. Lumarque prennent ainsi des mesures concrètes pour assurer la sécurité de leurs étudiantes.
« Tous les soirs à partir de 17 heures, un bus de l’université assurera la navette entre le campus et le centre-ville. Une patrouille du sous-commissariat fera des rondes régulières dans le quartier, des lampadaires fonctionnant à l’énergie solaire ainsi que des caméras de surveillance seront installés dans le voisinage immédiat de l’Université », rapporte Haïti Press Network cité par RFI.
Pour « corriger cette dérive inacceptable et renforcer la prévention dans certains quartiers identifiés« , le gouvernement a promis pour sa part, une réponse ferme avec le déploiement d’unités spécialisées de la Police nationale. Des mesures jugées insuffisantes par beaucoup d’Haïtiens en colère qui n’hésitent pas à faire le lien avec l’instabilité politique du pays.
« Quand les bandits tuent, kidnappent, volent et violent, le silence n’est pas une option. S’exprimer, marcher devient un acte de résistance aux bandits et un acte de pression sur les autorités pour que nos jours cessent d’être souillés par du sang et des larmes.« , conclut Le Nouvelliste.